Eternal Sunshine of the Spotless Mind de Michel Gondry

Eternal Sunshine of the Spotless Mind est un film de Michel Gondry sorti en 2004.
C’est lors d’un dîner entre Michel Gondry et Pierre Bismuth, co-scénariste du film, que l’idée principale du film apparaît. Au cours de leur conversation, Bismuth demande au réalisateur : « Que dirais-tu si tu recevais une carte t'annonçant que tu as été effacé de la mémoire d'une certaine personne, et que tu devrais désormais t'abstenir de tout contact avec elle ? ». Il aura fallu attendre quelques années pour que Gondry décide de porter cette question original sur grand écran.

Alors qu’il sort d’une rupture avec Clémentine, jouée par Kate Winslet, Joel, incarné par le grand Jim Carrey, apprend malencontreusement qu’il s’est fait effacer de la mémoire de celle-ci. Il décide donc de reproduire la même intervention. Assistant impuissant à la disparition de ses souvenirs et comprenant au fur et à mesure leur importance, il lutte et cherche à interagir avec le monde extérieur afin d’arrêter cette tragique opération.

A première vue, on aurait tendance à penser que Eternal Sunshine of the Spotless Mind est assez banale et ressemble aux autres films d’amour. Cependant, ce n’est en aucun cas la vérité. En effet, à travers ce film, Michel Gondry nous offre une nouvelle perception de ce sentiment par son scénario innovant mélangeant romance et science-fiction. Il nous fait revivre une histoire d’amour à l’envers. On part de la rupture pour revenir peu à peu vers l’amour du premier regard. Plus le film avance, plus Joel regrette son acte. L’oubli des disputes et prises de tête ne l’impactent pas plus que ça et il préfère les effacer. Mais dès qu’il s’agit de bons moments, il comprend l’importance de l’ensemble des souvenirs d’une relation car c’est un tout. Il ne veut donc en aucun cas les supprimer de sa mémoire. On compatit à la situation tragique du personnage grâce aux fortes émotions qu’il nous transmet.
De plus, on retrouve Jim Carrey dans un rôle dans lequel on a très peu l’habitude de le voir. En effet, cet acteur est connu notamment pour ses jeux plutôt comiques complétés par ses "grimaces" mémorables, que l’on peut voir dans The Mask ou encore The Grinch. Or, dans Eternal Sunshine, Joel est un personnage assez lunaire dont la vie va rapidement prendre une tournure tragique.
Pour finir, ce film est très bien rythmé. Les actions et les scènes s’enchaînent et ne laissent le narrateur dans l’ennuie. Cependant, lorsque Gondry cherche à nous faire passer une idée, il sait ralentir la cadence afin de donner le temps aux spectateurs de l’assimiler. Ce rythme soutenu est dû en grande partie à un bon montage, notamment au niveau des disparitions. Cependant, on aperçoit un très léger défaut sur l’incrustation de Jim Carrey lors de la scène de la cuisine.

Ce film aux aspects poétiques nous transmet de nombreux messages.
Premièrement, Gondry nous montre que l’un des principes fondamentaux d’une relation "parfaite" est l’altruisme. En effet, ce comportement est évoqué lors d’une citation d’Alexander Pope : "How happy is the blameless Vestal's lot ! The world forgetting, by the world forgot. Eternal sunshine of the spotless mind ! Each pray'r accepted, and each wish resign'd…" qui peut se traduire par : "Comment elle est heureuse la jeune innocente ! Oubliant le monde et le monde l’oublie. Rayonnement éternel d’une âme sans tâche ! Acceptant les requêtes et déclinant ses vœux.". Elle évoque le fait de donner sans rien espérer en retour.
L’envie d’un amour "parfait" est aussi représenté dans le film par le personnage de Patrick. Il analyse la relation de Joel et Clémentine et réutilise les éléments positifs pour pouvoir sortir avec cette dernière afin de construire le couple idéal.
Pour finir,  Eternal Sunshine of the Spotless Mind démontre la véracité de l’expression "c’est en faisant des erreurs que l’on apprend". En effet, après leur amnésie relationnelle, Joel et Clémentine réitère, sans le savoir, leur expérience amoureuse. Le destin est donc formé, il ne faut pas essayer d’effacer son passé pour tourner la page, mais le prendre en compte.