Forrest Gump, de Robert Lee Zemeckis

Forrest Gump, sorti en 1994, est un film du réalisateur Robert Lee Zemeckis, à la fois dramatique par des évènements relatant l’histoire de l’Amérique de 1950 au années 80, mais aussi comique par des situations rocambolesques qu’initie le personnage central, Forrest Gump, un « simple d’esprit » qui devient un héros malgré lui. Robert Lee Zemeckis aime décidément les histoires fantasques comme dans ses réalisations de Retour Vers Le Futur ou Qui veut la peau de Roger Rabbit.
Le film débute avec Forrest assis sur un banc qui raconte « ses »vies à des individus qui attendent un bus. A mesure que le récit s’installe, ces individus qui sont au début dubitatifs quant à la véracité de son récit se montrent de plus en plus intéressés jusqu’à être totalement émus.
La légèreté du script traitant de sujets graves peut être symbolisée au début du film par une plume qui tombe aux pieds de Forrest assis sur son banc et que l’on retrouve en fin de film comme si cela signé la fin de l’histoire d’une période Américaine. Cette plume peut aussi représenter le parcours de vie de Forrest Gump qui se laisse emporter là où le vent le mène.
La force de ce film est de retracer l’histoire de l’Amérique des années 60-70, accompagné par les musiques populaires de l’époque comme Elvis Presley, Bob Dylan, John Baez, The Doors…, mais aussi les pianos et cordes du compositeur Alan Silvestri renforcent l’émotion que génère ce film. Tour à tour sont évoqués les débuts d’Elvis Presley, la discrimination raciale, la guerre du Vietnam, les mouvements Hippie, les Black Panthers, le Watergate, la guerre froide… jusqu’à évoquer le début d’un virus inconnu (le futur sida). Par de simples détails, le réalisateur fait un clin d’oeil à des évènements populaires comme la relation supposée entre J.F Kennedy et Marylin Monroe grâce à la photo posée dans les toilettes du bureau de JFK ou bien le t-shirt avec smiley. En outre, Robert Lee Zemeckis a réussi à intégrer le personnage à des images d’archives, ce qui amène du réalisme à l’histoire incroyable de Forrest comme la scène avec John Lennon ou JFK.
Forrest, joué par Tom Hanks ,représente l’innocence des enfants qui ne savent pas encore mentir. Au travers des yeux de Forrest, un image brute des Amérique est alors dépeinte. Nous y voyions les conséquences désastreuses et inhumaines du Vietnam, avec ses soldats qui reviennent mutilés et qui finissent abandonnés par le gouvernement comme le lieutenant Dan Taylor joué par Gary Sinise, mais Forrest par sa magnifique candeur permet d’alléger cette réalité.
Tom Hanks arrive à nous faire croire en son personnage sans surjouer, il nous fait rire par son expressivité et son regard nuancé ne rend jamais sa prestation ridicule.
Ce film aborde également l’handicap, Forrest évoque par son attitude l’autisme avec un comportement hors-norme au sens propre, mixant des facultés intellectuelles faibles et des prouesses sportive hors du commun. Le réalisateur nous donne une autre image du handicap, c’est Forrest qui fait le bien autour de lui. Le réalisateur réussi à ne pas faire un film niais, l’image du candide aurait pu agacer le public mais plus nous avançons dans le film , plus nous avons de l’empathie pour cet « homme-enfant » et ses acolytes. Paradoxalement, malgré son handicap mental, sa vie semble plus réussie que celles des autres protagonistes considérés par la société comme normaux et qui par leurs choix de vie deviendront à leurs tours handicapés. Le lieutenant Dan perd deux jambes au combat, la seule amie de Forrest ,Jenny (Robin Wright) tombe dans la drogue et décèdera tragiquement du sida.
Forrest Gump est finalement un voyage émotionnel qui réunit amour, amitié mais aussi dureté, cynisme et cruauté. C’est avant tout un message d’espoir pour tous les Forrest Gump.