Burn after Reading, Ethan & Joel Coen, 2008

Burn after Reading est un film de 2008 écrit et réalisé par les frère Ethan et Joel Coen. Marquant le retour des frères Coen à un genre de comédie, il est à l’affiche des cinémas français et sort le 10 décembre 2008 à la suite de leur film noir policier No Contry for Old Me.
Ce film parait aux premiers abords totalement décousu est en fait une œuvre très originale à la réflexion.
Ce film a un coté très dérangeant . En effet, il ne met en avant aucun personnage et par conséquent n’a pas de héros comme c’est habituellement la règle. Il n’y a pas de morale explicite, pas de distinction entre le bien et le mal, pas de happy end . Ainsi nos repères sont brouillés ce qui crée un côté destabilisant au film pour les téléspectateurs.
Les personnages font preuve de maladresse ou de bétise tout au long du film, ni beaux, ni attachants . Ils agissent de façon incohérente et parfois irréfléchie, impulsive ce qui amène très vite à des situations comiques au milieu d’un décors quelconque et d’une ambiance assez ordinaire et réaliste. Les frères Coen arrivent très bien a dépeindre une comédie satirique à travers leurs personnages et leurs situations. A la lecture de la distribution avec des acteurs aussi prestigieux tels Malkovich, Pitt, Clooney, on s’attend à une escalade de hautes prestations de la part des acteurs dans leur rôle respectif. C’est absolument le contraire qui se passe. Ceux sont des anti-héros auxquels il est impossible pour le spectateur de s’identifier. Si l’on s’en tient à la thématique qui tourne autour de la CIA, le spectateur est à nouveau désorienté de n’y voir aucun James Bond à l’oeuvre mais plutôt des personnages ternes qui ont des fonctions secondaires et aux agissement médiocre. C’est l’ensemble qui crée un décalage qui va s’accentuer au fur à mesure de l’action jusqu’à la chute finale qui devient le point d’orgue de la parodie et la disparition de l’anti-héros principal.
En terme de scénario, la fratrie présente une parodie des films d’espionnage au travers de Burn After Reading, un acien agent de la CIA, Osborne Cox, fraichement renvoyé décide d’écrire ses mémoires et de noyer sa peine dans l’alcool. Ce personnage assez antipathique est en fait cocufié par sa femme tout aussi désagréable mais amoureuse d’ Harry Pfarrer, un marshall fédéral marié et volage pour qui la situation va se compliquer et rebondir pendant le film (il découvrira le vrai visage de sa femme pas si naive, ce qui menera à un quiproquo fatal). Interviennent également des employés d’un club de fitness qui vont s’improviser espions et qui eux aussi ont des issues tragiques. Le tout se mèle de façon improbable, avec des connexions invraisemblables ce qui accroît le caractère parodique de la situation.
La réalisation est sobre, palette de couleur neutre, peu d’effets spéciaux, pas d’artifices, l’ensemble est très efficace pour un résultat étonnamment original.
Cette comédie noire fait appel à des acteurs charismatiques qui incarnent des personnages très différents de leur rôles habituels, les obligeant à sortir de leur zone de confort. Brad Pitt qui incarne le rôle de Chad Feldheimer, un spotif ébété avouera même «Cela faisait déjà quelques années que je cognais à la porte des Coen. J'avoue que lorsque j'ai lu le scénario, et quand j'ai vu à quel point le personnage que je devais jouer était stupide, j'étais un peu fâché!».
Mais il ne fallait pas se contenter d’une première lecture ! De la même façon, il ne faut pas voir ce film au premier degré. On peu suppose que cette production américano-britannico-française a été un succès en Europe mais de portée plus limitée aux US ; un peu comme les films de Woody Allen.