The Royal Tenenbaums de Wes Anderson

The Royal Tenenbaums est un film de Wes Anderson datant en 2001.
Si on observe bien les décors et que l’on connaît assez les paysages de la ville qui ne dort jamais, on peut s’apercevoir que le réalisateur n’a pas décidé de tourner dans des studios pour ce film. En effet, plutôt que de créer des lieux imaginaires pour exagérer l’aspect irréel du film comme il a l’habitude de le faire, il a préféré donner une base réaliste à cette histoire et a donc filmé dans les rues du célèbre New York. Mais, Wes Anderson arrive quand même a nous donné une impression d’un New York "imaginaire" en choisissant des bâtiments plus atypique les uns que les autres, notamment avec la fameuse maison familiale et sa tourelle.

Depuis leur plus jeune âge, les enfants Tenenbaum ont toujours été des génies. Chas eut très rapidement des dons pour la finance, Margot, la fille adoptive, excella dans la dramaturgie et Richie, quand à lui, était le maître de la raquette au tennis. Malheureusement, Etheline, la mère, jouée par Anjelica Huston, décide de quitter Royal, interprété par Gene Hackman, mais sans pour autant entamer une procédure de divorce. Cette terrible nouvelle, impactera fortement les enfants et leurs talents. Vingt ans plus tard, Chas, incarné par Ben Stiller, veuf, essaie d’élever ses deux fils en cherchant à les protéger de toutes sortes de dangers, Margot, jouée par Gwyneth Paltrow, a arrêté d’écrire des livres, fume depuis l’âge de 12 ans et s’est mariée à un psy (Bill Murray) ayant le double de son âge, et Richie, interprété par Luke Wilson, ex-champion déchu, vit sur un bateau longeant la Côte d’Ivoire. Le désespoir envahit alors les trois enfants et ils décident de revenir un moment dans la maison familiale en compagnie de leur mère. Royal, n’ayant plus de domicile décide de prétexter une maladie grave pour s’inviter dans la demeure et essaye de se réconcilier avec sa famille.

Le film commence d’abord par nous introduire le divorce des parents et les caractéristiques des personnages. S’ensuit une présentation des acteurs et de leur personnage pour le moins originale. En effet, ils sont montrés à l’écran en train de se préparer. Cette partie nous donne l’impression que nous sommes dans la loge de chacun. De plus, tous les portraits sont montrées de la même manière. Les personnages présentés sont placés au milieu de l’écran, faisant office de point de symétrie centrale, en plan poitrine et regardent la caméra. Pour ces plans, comme dans beaucoup d’autres, Wes Anderson a choisi d’utiliser un objectif à très courtes focales, aussi appelé grand angle. Ce procédé permet donc d’avoir à l’écran à la fois le personnages du centre assez rapproché et un décor  d’arrière plan très large. Cela rajoute aussi de la profondeur à l’image. Pour présenter ses protagonistes, le réalisateur leur attribue des objets qui leur appartiennent et qui les suivront durant presque tout le film. On peut prendre pour exemples, le bandeau de Richie, la cigarette et le manteau en fourrures de Margot, ou encore le survêtement de Chas.
Comme il est souvent question dans les films de Wes Anderson, les personnages adultes ont un caractères plutôt enfantin. Commençons par Chas. Ce dernier est très rancunier et a du mal à pardonner son père pour son absence dans son éducation. De plus, suite à la mort de sa femme lors d’un accident, il est très stressé et se méfie de chaque danger. Margot, elle, cache à tout son entourage qu’elle fume et nous donne l’impression qu’elle est en train de faire sa "crise d’adolescence" en apparaissant toujours déprimée. Richie a perdu confiance en lui depuis sa défaite lors d’un match et aime désespérément sa demi-sœur. Il a aussi encore besoin d’une figure paternelle. Même si cela peut paraître bizarre, je trouve que c’est Royal, le père, qui a le comportement le plus enfantin de toute la famille. Certains scènes souligne son immense enfantillage. Par exemple, lorsqu’il emmène les enfants de Chas avec lui et ne cesse de faire des bêtises ou encore lorsqu’il annonce à son ex-femme qu’il va bientôt décédé. En effet, il ment énormément à sa famille en se faisant passer pour malade pour pouvoir rester avec sa famille. Quelques personnages secondaires affichent aussi un caractère puéril comme Eli Cash, le meilleur ami de Richie, interprété par Owen Wilson, qui cherche une figure maternelle chez Etheline Tenenbaum. On a l’impression qu’ils agissent dans le mauvais sens. Les enfants qui se comportaient comme des adultes sont maintenant devenus des adultes au caractère enfantin.
Comme les autres critères qui définissent le cinéma de Wes Anderson, celui du livre n’échappe pas à The Royal Tenenbaums. En effet, ce réalisateur à pour habitude de présenter son film sous la forme d’un livre. Ici, le long-métrage commence directement par un plan du livre intitulé The Royal Tenenbaums vu de dessus. S’ensuit un autre plan représentant un mur de ce même livre. Peu à peu la caméra s’approche de la couverture de l’un d’entre eux qui finit par s’animer. À travers ce plan, le réalisateur nous fait comprendre que nous entrons à présent dans l’histoire. Cet aspect de lecture est aussi renforcé par la présence de chapitres. À plusieurs reprises, le haut d’une page du livre s’affiche à l’écran laissant aussi apparaître les premières lignes du texte qui correspondent à l’histoire qui suit. On retrouve aussi des passages ressemblant à des descriptions comme il est fait dans un livre. Par exemple, au début, une voix-off nous introduit la famille et leurs caractéristiques. Lors de cette introduction, Wes Anderson ajoute quelques descriptions à l’écran pour préciser un lieu, un objet ou un fait ("CHAS’ ROOM (2nd FLOOR)"/"COLLECTION OF CARS"), en écrivant comme d’habitude avec la fameuse police Futura.

The Royal Tenenbaums met donc en scène la séparation d’une famille qui involontairement se réunit. La mélancolie et le désespoir des personnages nous font ressentir une certaine pitié pour eux et, malgré leur comportement enfantin et leurs chamailleries, on a du mal à leur en vouloir. Il est malheureusement regrettable de voir qu’il faut en venir à un fait tragique pour que chacun se calme et redevienne mature. Cependant, même si ce film présente des aspects plutôt tristes, l’humour loufoque et burlesque de Wes Anderson saura vous faire rire. Comme l’a affirmé Owen Wilson, coscénariste, ce film "dit quelque chose de simple et vrai : votre famille peut être la pire, mais c'est la vôtre, nulle part ailleurs, vous ne trouverez ce lien unique, cette chance d'être compris et soutenu."

C’est sur ces derniers mots que je vous laisse et vous conseille fortement de foncer voir ce fantastique film qu’est The Royal Tenenbaums, qui est, pour le moment, mon préféré de Wes Anderson.